Le projet « Le Pénitent » est mon premier projet de roman. Débuté à l’été 2020, il a accompagné mon quotidien pendant 4 ans, au gré d’un nombre incalculable de réécriture au fur et à mesure desquelles je découvrais les dessous de l’écriture de fiction, à la fois complexe et profonde.

La version actuelle du texte a été complétée à la fin de l’année 2024, mais n’a actuellement trouvé aucune maison d’édition. En raison de son parcours assez chaotique et des énormes lacunes dont je souffrais à sa création, sa structure actuelle contient encore des problèmes rédhibitoires pour une publication.

J’ai toutefois pris la décision de le laisser en stand-by pour l’instant, afin de me lancer sur un autre projet, celui du « Projet Daedalus » afin de ne pas m’enfermer dans un seul et unique projet, au risque de finir par perdre le plaisir d’écrire. Pour autant, ce premier projet garde à mes yeux un potentiel certain et je finirai forcément par revenir dessus à un moment ou un autre pour essayer de le rendre suffisamment qualitatif pour espérer être publié.

Comme expliqué dans l’article « J’ai reçu ma première bonne nouvelle », le manuscrit a été inscrit à la sixième édition du concours des Murmures Littéraires en 2025, lors de laquelle il a franchi la pré-sélection avant d’échouer à se qualifier pour la deuxième étape. Cela a tout de même permis de confronter le texte au regard de deux personnes expertes qui ont composé des fiches de lecture détaillées sur toute la première moitié du manuscrit. Une aide qui s’avèrera précieuse au moment de reprendre le projet.

En attendant que ce projet ne reprenne vie, vous pouvez toujours en découvrir le premier chapitre ci-dessous, bonne lecture !

Chapitre 1

La haie d’honneur formée par la centaine d’hommes et de femmes amassés devant le petit édifice avait des allures de couloir de la mort. Liam s’y engagea d’un pas décidé et des applaudissements résonnèrent aussitôt dans la nuit glaciale. Ils le célébraient comme un véritable héros. Quelle bande d’imbéciles !

Liam avança jusqu’à l’entrée du bâtiment et prit une profonde inspiration, sa dernière bouffée d’air frais, avant de s’engouffrer à l’intérieur. Une fois la porte refermée derrière lui, le bruit des applaudissements s’évanouit aussitôt, remplacé par une douce musique de jazz. Une affreuse odeur de cannelle lui envahit également les narines. C’était incroyable le succès que rencontrait cet ignoble parfum chaque hiver.

— Bienvenue dans notre Forum !

Liam sursauta. Il n’avait pas remarqué la présence du réceptionniste sur sa gauche. Il faut dire que son visage, dont la finesse des traits couplée à une absence totale de pilosité laissaient présumer d’un âge peu avancé, dépassait à peine du large comptoir derrière lequel il se tenait.

— La nation et moi-même vous témoignons notre plus grand respect, s’exclama-t-il d’une petite voix fluette, votre noble sacrifice vous honore ! Puis-je vous demander de scanner votre puce, s’il vous plaît ?

— Bien sûr.

Liam attrapa un petit appareil posé sur le comptoir, qui avait la forme d’une pièce de monnaie, et en colla la surface métallique froide sur sa tempe droite. Il attendit ensuite qu’un bip familier s’en échappe avant de le remettre à sa place. 

— Liam Bryant, lut à haute voix le réceptionniste, vingt-sept ans, né à Brooklyn, New York. C’est bien ça ?

— Tout à fait.

— Très bien. Laissez-moi consulter la liste.

Il pianota sur son clavier, puis scruta longuement son écran, les sourcils froncés. 

— Un problème ?

— Je ne trouve pas votre nom, mais à tous les coups c’est encore ce fichu logiciel qui fait des siennes. Rien de grave, je vous rassure. Je vais demander à mon collègue de procéder aux vérifications d’usage avant de venir vous chercher. Vous pouvez vous asseoir, ça ne devrait pas être long !

Liam hocha la tête et rejoignit un des gros fauteuils placés de l’autre côté de la pièce. Il n’y avait plus qu’à espérer que le jeune homme dise vrai et que tout soit réglé au plus vite.

Plusieurs photographies des environs habillaient les murs bleus gris de la salle. Fordham Road, le zoo, Crosby Avenue, le jardin botanique… Liam avait beau avoir visité le monde entier lors des douze derniers mois, il ne pouvait nier le charme unique du Bronx. Mourir en plein cœur de ce quartier serait un honneur, à condition bien sûr que le logiciel daigne fonctionner correctement. Une prouesse qu’il ne semblait pas être décidé à accomplir pour l’instant car plusieurs minutes s’écoulèrent sans que personne ne vienne le chercher. Tandis que l’attente se prolongeait, la porte d’entrée s’ouvrit et une femme emmitouflée dans un épais trench-coat noir à boutons dorés apparut, portée par les vivats et les applaudissements de la foule. À en juger par la courbure de son dos et la façon dont elle se traîna jusqu’au comptoir, elle n’était plus toute jeune. Le réceptionniste dut d’ailleurs élever la voix à plusieurs reprises lors de son enregistrement, afin de se faire entendre. Elle s’assit ensuite sur le fauteuil le plus proche, juste à côté de Liam, non sans lui avoir glissé un clin d’œil discret au passage. En voilà une qui ne le ferait pas trop culpabiliser. Très peu de temps après, la porte vitrée permettant d’accéder au reste du bâtiment s’activa enfin et un homme d’une trentaine d’années, vêtu d’une blouse blanche et muni d’une tablette tactile, entra dans la pièce. Ses cheveux noirs plaqués sur son crâne auraient pu lui donner un air sévère s’il n’avait pas eu un grand sourire affiché sur le visage.

— Madame Sanchez ? appela-t-il.

La vieille dame émit un petit son en guise d’approbation et se releva péniblement. L’homme se précipita à sa hauteur pour l’aider, puis tous deux disparurent dans le couloir. Liam soupira. Il avait fallu que le souci de logiciel tombe sur lui, comme par hasard. Quand on savait l’importance de ces programmes, il restait tout de même étonnant qu’ils puissent être victimes de telles failles de fonctionnement. À moins que le problème ne se situe plutôt du côté du réceptionniste ? Son visage juvénile trahissait un manque d’expérience flagrant, il avait donc très bien pu s’emmêler les pinceaux. L’erreur est humaine après tout. Peut-être fallait-il lui suggérer de recommencer son identification pour que tout rentre dans l’ordre ?

Le bruit de la porte d’entrée qui s’ouvrait coupa Liam en plein milieu de sa réflexion. Contrairement à la fois précédente, aucune acclamation ne se fit entendre. Ce silence aurait pu indiquer que les fanatiques avaient fini par se disperser, mais il était en fait beaucoup plus probable qu’ils se soient simplement abstenus d’applaudir en raison du spectacle qui s’offrait à eux. La nouvelle arrivante, une femme âgée d’une cinquantaine d’années, était suivie d’un adolescent pleurant toutes les larmes de son corps. Le pauvre gosse accompagnait sa mère au seuil de la mort. Liam n’aurait pas aimé être à sa place, du moins pas à l’époque où il avait eu son âge. Durant l’identification, ses pleurs s’intensifièrent encore, jusqu’à couvrir le son de la musique. La gorge de Liam se noua, il était impossible de ne pas songer au rôle qu’il avait possiblement joué dans la condamnation de cette femme. Heureusement qu’il n’aurait plus à porter ce fardeau très longtemps.

À peine la mère eut-elle terminé de s’enregistrer que l’homme en blouse blanche fit son retour.

— Madame Hudson ? 

— J’arrive, laissez-moi deux minutes s’il vous plaît.

Elle chuchota quelques mots à l’oreille de son fils et ils s’accordèrent ensuite une longue étreinte, jusqu’à ce que l’employé du Forum indique que le temps était écoulé. Elle embrassa son fils une dernière fois, puis s’éloigna. Le garçon resta planté là, immobile, avant que les larmes ne recommencent à jaillir, plus abondantes que jamais. Liam serra les poings. Tout portait à croire que sa mère était l’unique parent qui lui restait. Sinon il ne se retrouverait pas ici tout seul à pleurer son départ. Alors pourquoi cette irresponsable avait-elle pris le risque d’abandonner son fils ? C’était vraiment honteux de sa part. Existait-il au moins des structures prévues pour accueillir les orphelins comme lui ? Vu l’absence totale de réaction du personnel, il y avait de quoi en douter. Le jeune homme finit d’ailleurs par quitter les lieux seul, la tête basse.

Aussi déchirante puisse être la situation de cette mère et de son fils, il n’en restait pas moins que cette dernière était déjà la deuxième personne à lui griller la priorité. Le logiciel ne pouvait pas être l’unique responsable de cette attente prolongée, il y avait forcément un souci quelque part.

— Excusez-moi, ça commence à faire un petit moment que j’attends.

Le réceptionniste releva la tête.

— Vous êtes pressé ? 

— Pardon ?

— Je plaisante bien sûr ! Je vais aller demander ce qu’il se passe, ne bougez pas.

Le jeune homme s’éclipsa par la porte située derrière lui et revint deux minutes plus tard en compagnie d’une petite femme ronde qui fusilla Liam du regard.

— Je suis Madame Gilmore, déclara-t-elle froidement, la directrice de ce Forum. Suivez-moi.

Cette fois il n’y avait plus aucun doute possible, quelque chose clochait. L’attitude de la directrice laissait même présager du pire. Mais qu’est-ce qui pouvait bien être pire que la mort ? Elle n’allait quand même pas le torturer ? Les jambes légèrement tremblantes, Liam lui emboîta le pas. Ils passèrent devant une grande salle de réception très colorée d’où s’échappait une légère odeur de pin et dans laquelle se trouvaient, entre autres, les deux femmes croisées plus tôt, puis continuèrent jusqu’à une petite pièce située tout au bout du couloir. La directrice s’installa derrière le large bureau trônant en son centre et invita Liam à prendre place sur une des deux chaises lui faisant face. Elle le fixa de longues secondes, de ce même regard noir perçant qui le fit tressaillir, avant de finalement prendre la parole. 

— Monsieur Bryant, quel est le principe de la Redevance ?

— Hein ? 

— La Redevance, notre loterie, que permet-elle ?

— Elle permet à n’importe quel citoyen américain de plus de dix-huit ans d’utiliser l’argent de l’État à la place du sien, répondit Liam, interloqué.

— Mais ?

Liam haussa les sourcils.

— Mais quoi ?

— Mais pour chaque dollar dépensé, un ticket à son nom est ajouté à la loterie, compléta-t-elle sèchement.

— Ah, oui bien sûr. 

— À quoi servent ces tickets ? enchaîna-t-elle.

Liam secoua la tête. Cette discussion ne rimait à rien.

— Où est-ce que vous voulez en venir ?

— Savez-vous à quoi servent ces tickets, Monsieur Bryant ?

À quoi jouait-elle avec ses questions idiotes ? Il avait déjà perdu assez de temps comme ça.

— Et si vous en veniez directement au fait ?

— Savez-vous à quoi servent ces tickets ? insista-t-elle en prenant soin d’appuyer chaque mot, un rictus moqueur aux lèvres.

C’était de la provocation pure et simple, comme si elle cherchait à lui faire perdre les pédales, mais pourquoi ? Elle n’avait aucun intérêt à agir ainsi. Sauf si elle voulait le pousser à la faute pour justifier un traitement plus musclé ? La torture traversa à nouveau l’esprit de Liam, ce qui fit immédiatement dresser les poils de sa nuque. Il était plus prudent de rentrer dans le jeu de la directrice pour l’instant.

— Les tickets servent au tirage au sort qui a lieu tous les ans à la date du 15 janvier, récita-t-il la mâchoire serrée. Les personnes tirées au sort sont les Pénitents, qui doivent se rendre dans les Forums pour être exécutés.

— Parfait Monsieur Bryant, vous connaissez donc les conditions par cœur. 

— Évidemment, siffla-t-il.

Cette vieille chouette lui faisait la leçon comme à un gamin alors qu’il en savait sûrement beaucoup plus qu’elle sur les conséquences d’une participation à la loterie.

— Qu’est-ce que vous faites ici dans ce cas ? 

— Je vous ai déjà dit, je viens pour être exécuté.

Madame Gilmore poussa un long soupir. 

— Qui croyez-vous duper, Monsieur Bryant ? 

Liam se crispa sur son siège. Jusqu’où comptait-elle aller pour le faire craquer ?

— Écoutez Madame Gilmore, j’ai conscience que le montant de mes dépenses n’est pas habituel et qu’il a des répercussions, mais ce qui est fait est fait. Je suis condamné à mort, si cela ne suffit pas à vos yeux, dites-moi directement ce que vous comptez me faire subir plutôt que de tourner ainsi autour du pot.

Le visage de la directrice s’assombrit. Elle resta muette quelques instants avant de reprendre d’une voix plus neutre. 

— Combien avez-vous enregistré de tickets cette année, Monsieur Bryant ?

— Dix-sept millions.

Madame Gilmore étouffa un cri de surprise et se leva aussitôt.

— Je reviens tout de suite, lança-t-elle en même temps qu’elle se ruait dans le couloir.

Décidément, c’était une manie de faire attendre les gens ici. En revanche, sa réaction supposait qu’elle n’avait pas eu connaissance de ses dépenses jusqu’ici. Alors pourquoi l’avoir cuisiné comme un vulgaire criminel ? Finalement, il n’y avait pas que le logiciel qui ne tournait pas rond dans ce Forum.

Il fallut moins de cinq minutes à madame Gilmore pour revenir, avec un grand sourire aux lèvres.

— J’ai une très bonne nouvelle pour vous, Monsieur Bryant, s’empressa-t-elle d’annoncer, mais je tiens d’abord à m’excuser pour l’attente et les questions que nous vous avons fait subir. J’ai cru que vous vouliez profiter du traitement de faveur réservé aux Pénitents avant leur mise à mort. Je sais que ça semble stupide dit comme ça, mais il parait que c’est arrivé dans un Forum en Floride l’année dernière. Un homme qui s’est jeté sur le buffet avant de faire savoir qu’il n’avait pas vraiment été désigné. Ils ont été forcés de le relâcher bien sûr. Je pensais que vous planifiiez quelque chose de similaire et que je vous avais pris la main dans le sac ! Bref, j’étais loin d’imaginer un tel nombre de tickets. Je suppose que vous êtes venu directement sans prendre la peine de regarder le tirage au sort à la télévision ?

— Comment le savez-vous ?

— Difficile de vous blâmer, j’aurais sûrement fait pareil à votre place. Et je le sais parce que vous n’êtes pas Pénitent !

Liam faillit tomber de sa chaise. 

— Impossible, rétorqua-t-il.

La directrice laissa échapper un rire. 

— Je comprends votre surprise. Pour ainsi dire, je ne pensais pas ça possible non plus. Nous avons fait les calculs en compagnie de Tom, le réceptionniste, vos chances de survie étaient d’environ 0,001%. Vous vous rendez compte ? C’est un véritable miracle ! 

Les mots de la directrice étaient complètement dénués de sens. Elle nageait en plein délire. 

— Non ! Vous vous êtes trompés.

— Monsieur Bryant, je vous assure que nous avons vérifié plusieurs fois. Il n’y a aucun doute possible.

Liam tapa du poing sur l’accoudoir.

— Je vous dis que c’est impossible ! Je dois mourir !

Le sourire de la directrice s’évanouit aussitôt. 

— Je… je ne comprends pas ?

— Il faut être un minimum logique, je ne peux pas survivre, pas après avoir dépensé dix-sept millions de dollars !

— Mais puisque je vous dis que j’ai contrôlé moi-même.

Cette grosse andouille ne comprenait rien, dans quelle langue fallait-il lui expliquer ?

— Je me contrefous du tirage au sort ! Je ne vous parle pas de mathématiques ou de probabilités obscures, je vous parle de justice et de morale. Vous savez très bien les répercussions qu’ont eu mes dépenses sur les autres participants !

— Les répercussions de vos dépenses ? J’imagine que vous voulez parler du nombre de Pénitents tirés au sort ? 

Liam baissa la tête. 

— Un Pénitent de plus tous les 1,5 millions de dollars, murmura-t-il. Onze vies anéanties par ma faute.

— C’est donc ça qui vous chagrine ?

— Évidemment.

— Mais je ne comprends pas, vous aviez forcément conscience de ces conséquences avant de participer, pourquoi avoir dépensé autant d’argent dans ce cas ?

Elle mettait le doigt sur le cœur du problème. Combien de fois s’était-il posé cette question ces derniers temps ?

— Je crois que je n’étais pas dans mon état normal quand la nouvelle édition de la loterie a commencé. Je venais de vivre plusieurs mois très compliqués et j’avais juste envie de profiter d’une année de bonheur avant de quitter ce monde infernal. La quasi-totalité de l’argent que j’ai utilisé, c’était pendant les deux premières semaines, le temps de réaliser la gravité de mes actes.

— Et depuis vous regrettez ?

— Oui et non. J’étais persuadé que je serais tiré au sort, je n’avais pas besoin de regretter. J’ai quand même fait en sorte de réduire mes dépenses afin de ne pas provoquer de Pénitent supplémentaire, mais ça ne m’a pas empêché de voyager aux quatre coins du globe et de réaliser une bonne partie de mes rêves d’adolescent. Mais qu’importe, le fait est que mon exécution demeure la seule issue logique à toute cette histoire. Et vous le savez aussi bien que moi !

Madame Gilmore se leva et posa une main sur son épaule.

— Vous êtes beaucoup trop dur avec vous-même. Les Pénitents se sont toutes et tous enrôlés de leur plein gré, ils connaissaient les risques encourus. Il n’y a pas de raison que vous vous sentiez coupable de la mort de qui que ce soit. Surtout qu’on ne parle pas d’une vulgaire mort, on parle de sacrifices pour la gloire de la nation. Ces gens seront célébrés et honorés comme il se doit, leurs noms resteront à jamais gravés dans l’histoire de notre belle loterie.

— Au diable les honneurs ou je ne sais quoi, ils vont être exécutés à cause de moi, j’aurai leur mort sur la conscience ! Et je n’ai absolument aucune envie de vivre avec ce poids sur les épaules !

Ce qui constituait en fait le véritable problème dans toute cette histoire. Il serait incapable de supporter un tel fardeau, c’était précisément la raison pour laquelle il fallait qu’il soit exécuté ce soir. 

— Arrêtez de raconter n’importe quoi, je vous dis que vous n’êtes pas responsable de leur mort ! Ils ont tous choisi de participer, personne ne les a forcés. Vous n’avez vraiment rien à vous reprocher.

Cette femme était décidément plus bornée qu’une mule.

— Laissez-moi aller avec les autres s’il vous plaît, implora-t-il. Un Pénitent de plus ou de moins, on ne verra pas la différence.

— Vous vous doutez bien que je ne peux pas faire ça, Monsieur Bryant.

— Personne ne va pleurer ma mort, je peux malheureusement vous l’assurer ! Et dans l’improbable éventualité où cela se produirait, vous aurez simplement à leur expliquer que c’est de ma faute.

— Non, c’est hors de question ! 

— Je vous en supplie. 

— Non ! Il y a des règles, je dois les respecter. Et puis je m’en voudrais de faire exécuter un beau jeune homme comme vous. Le destin vous a offert une seconde chance, vous devez la saisir !

Liam ne sut quoi dire de plus. Une multitude de questions se bousculaient dans sa tête. Et si la directrice avait raison ? Se pouvait-il réellement qu’il ne soit pas responsable de la mort de ces gens ? Était-il possible qu’il n’ait pas été tiré au sort ? Toutes ces pensées formaient un épais brouillard dans son esprit et l’empêchaient de réfléchir convenablement. À court d’arguments et pressé par madame Gilmore, il accepta finalement de s’en aller. Il passa devant la grande salle où se trouvaient les Pénitents, les vrais, traversa le hall d’entrée gangrené par l’odeur de cannelle, puis regagna sa voiture au pas de course, sous les regards inquisiteurs des hommes et des femmes assemblés dehors.

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